Syndrome de vessie douloureuse

Le syndrome de la vessie douloureuse appelé également cystite interstitielle est une inflammation chronique de la vessie dont les origines ne sont pas clairement identifiées. Contrairement à la cystite « classique », cette maladie n’est pas induite par une infection urinaire bactérienne. Des douleurs pelviennes et des envies fréquentes d’uriner en sont les principaux symptômes.

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Prise en charge thérapeutique du syndrome de la vessie douloureuse

La prise en charge du syndrome de la vessie douloureuse est adaptée à chaque patient en fonction de la gravité des symptômes. Parmi les traitements proposés, l’hydrodistension de la vessie peut aider à soulager la douleur et améliorer le confort urinaire.

Le syndrome de la vessie douloureuse ou cystite interstitielle

Le syndrome de la vessie douloureuse se réfère à une inflammation chronique de la vessie. Cette cystite n’est pas d’origine infectieuse, autrement dit aucun germe n’est responsable. La cystite interstitielle se caractérise par des douleurs insoutenables (sus-pubienne, pelvienne et abdominale), une pollakiurie (mictions fréquentes et impérieuses) et parfois une incontinence urinaire. C’est une maladie qui affecte principalement les femmes entre 30 et 50 ans (9 cas sur 10). En France, sa prévalence est d’environ un cas sur 2 000 femmes et un cas sur 25 000 hommes.

La cystite interstitielle n’est pas une maladie contagieuse.

Les symptômes d’une cystite interstitielle

Initialement asymptomatique, la maladie évolue au fur et à mesure que les lésions sur la paroi vésicale progressent. Dans la plupart des cas, des poussées aiguës, espacées de périodes d’accalmie sont décrites. La durée des symptômes de la cystite interstitielle et leur intensité sont variables d’un patient à un autre.

Les principaux symptômes sont :

  • De vives douleurs au niveau de la vessie, du bas de l’abdomen, de l’urètre ou des organes génitaux qui se manifestent par des sensations de brûlure et/ou de compression.
  • Une pollakiurie (jusqu’à 50 mictions/jour). 
  • Des douleurs articulaires et musculaires (fibromyalgie), des migraines, ainsi que des troubles gastro-intestinaux (syndrome de l’intestin irritable) ont été observés chez certains patients.

L’inflammation permanente située au niveau de la paroi de la vessie est à l’origine de la plupart des douleurs.

Dans les cas sévères, l’apparition de lésions sclérotiques au niveau de la paroi de la vessie entraîne l’exacerbation de ces symptômes. 

Causes et facteurs de risque

Selon certaines études, les causes physiopathologiques de la cystite interstitielle impliquent une altération de la perméabilité de la paroi vésicale. En effet, la perte de la mucine urothéliale protectrice a été observée chez 70% des personnes atteintes. Des éléments toxiques présents dans l’urine (tels que le potassium) peuvent alors pénétrer la paroi de la vessie, induire des lésions inflammatoires du muscle lisse et déclencher la cystite interstitielle. 

Par ailleurs, les chercheurs ont montré une accumulation accrue d’une substance, appelée «facteur anti-prolifératif», dans l’urine des patients. Ce facteur inhibe la croissance des cellules vésicales saines et empêche ainsi le renouvellement de la paroi vésicale.

D’autres hypothèses sont également avancées et concernent des mécanismes neurologiques (stimulation des nerfs sensitifs), allergiques (rôle des mastocytes), auto-immuns, génétiques et/ou environnementaux. 

La cystite interstitielle est une maladie d’origine multifactorielle

  • Les aliments à forte teneur en potassium (tels que les agrumes, le chocolat, les boissons caféinées, les tomates) déclenchent des poussées aiguës. 
  • Le tabac, l’alcool et les aliments épicés peuvent aggraver les symptômes. 
  • Les allergies saisonnières exacerbent les cystites à répétition.
  • Les périodes de grand stress émotionnel et physique favorisent la survenue des cystites interstitielles.
  • Les rapports sexuels.

Diagnostic

Le diagnostic de la cystite interstitielle comprend plusieurs explorations :

  • Examen clinique & ECBU :

En l’absence de signes ou de marqueurs spécifiques de la cystite interstitielle, le diagnostic initial repose sur l’exclusion des autres pathologies présentant des symptômes similaires. Ainsi, un examen cytobactériologique des urines (ECBU) permet d’écarter une éventuelle infection urinaire. Le médecin procède également à un bilan clinique complet, au cours duquel sont réalisés un examen pelvien chez la femme et un toucher rectal.

  • Cystoscopie & hydrodistension de la vessie :

Une fibroscopie vésicale (cytoscopie) peut être réalisée sous anesthésie générale, afin d’examiner l’aspect de la muqueuse vésicale interne grâce à l’introduction d’une fibre optique (cystoscope) à travers l’urètre. La cystoscopie permet également de détecter d’éventuelles lésions sévères telles qu’un ulcère de Hunner (10% des cas) et de réaliser une biopsie afin d’exclure l’hypothèse d’un cancer de la vessie.

L’hydrodistension, pratiquée en même temps, permet de dilater la vessie en la remplissant avec un liquide stérile afin d’observer la présence de micro-hémorragies (glomérulations) de la paroi vésicale qui sont présentes dans 95% des cas de cystite interstitielle.

  • Examen urodynamique & cystomanométrie :

Ces examens permettent d’évaluer la capacité de la vessie à retenir l’urine à l’aide de capteurs de pression lors des processus de remplissage et de vidange vésicale. En cas de cystite interstitielle, la capacité cystométrique (volumétrique) de la vessie est fortement diminuée.

Le traitement d’une cystite interstitielle

Il n’existe actuellement aucun traitement curatif pour la cystite interstitielle. Les options thérapeutiques consistent principalement à soulager les patients en réduisant les symptômes à l’aide de plusieurs traitements.

  • Traitements médicamenteux

Différents médicaments sont prescrits pour agir sur la douleur et l’inflammation, ainsi que sur la paroi irritée de la vessie tels que :

  • Le polysulfate de pentosan  sodique (Elmiron), administré par voie orale, agit sur la muqueuse vésicale pour la réparer.
  • Le diméthyl sulfoxyde (DMSO) instillé dans la vessie par une sonde, a fait ses preuves contre la douleur, notamment en association avec des corticoïdes, de l’héparine et/ou un anesthésique local.
  • Les antidépresseurs tricycliques et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) à  des doses standards peuvent soulager la douleur. 
  • Les antispasmodiques atténuent les contractions musculaires douloureuses.
  • Les anticonvulsivants (gabapentine ou clonazépam) agissent sur le système nerveux pour dilater la vessie.
  • Les antihistaminiques (hydroxyzine) permettent d’apporter une amélioration significative, en inhibant directement les cellules mastocytes et en bloquant les facteurs déclencheurs des allergies.
  • Les antiulcéreux, habituellement utilisés pour l’estomac, ont récemment démontré leur efficacité.
  • L’acide hyaluronique exerce son effet en restaurant la paroi vésicale altérée.

  • Hydrodistension vésicale :

La dilatation de la vessie à l’aide d’un liquide permet de réduire les symptômes dans 50% des cas et de soulager transitoirement les patients.

  • L’hygiène alimentaire :

Une alimentation adaptée doit être rigoureusement suivie en cas de cystite interstitielle. Ainsi, près de 90% des patients améliorent leur état en évitant des déclencheurs potentiels, tels que le tabac, l’alcool, ainsi que les aliments épicés et à forte teneur en potassium (chocolat, agrumes…).

  • Chirurgie :

La chirurgie est envisagée en dernier recours lorsque tous les traitements précédents ont échoué (2% des cas de cystite interstitielle). L’intervention la plus radicale consiste en l’ablation de la vessie (cystectomie)

L’entérocystoplastie peut être pratiquée dans certains cas en prélevant une partie de l’intestin pour le suturer à la vessie et ainsi l’agrandir. Cette intervention permet de diminuer le nombre de mictions par jour mais présente des complications non négligeables. 

Enfin, la chirurgie au laser permet de traiter efficacement l’ulcère de Hunner.