Vessie

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Comment reconnaître et traiter l’incontinence urinaire ?

L’incontinence est un trouble fonctionnel caractérisé par une incapacité à contrôler le sphincter urinaire, qui se traduit par des fuites urinaires en dehors des mictions.

Elle concerne davantage les femmes que les hommes et se manifeste principalement après 50 ans : environ 30 % des femmes de 65 ans sont affectées contre 8 % des hommes du même âge. L’incontinence réduit considérablement la qualité de vie des patients, pourtant plusieurs solutions thérapeutiques existent.

Article rédigé par Urologie Paris Opéra

Urologie
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Les différentes formes d’incontinence urinaire

Il existe plusieurs types d’incontinence urinaire : 

Incontinence d’effort

L’incontinence d’effort est une fuite urinaire due à une pression pelvienne supplémentaire (toux, éternuements, rire, se pencher ou soulever une charge, obésité…). Le volume de la fuite est habituellement discret à modéré. Elle est due en grande partie à des complications obstétricales et à la constitution d’une urétrite atrophique. Les hommes peuvent développer une incontinence d’effort après des procédures telles que la prostatectomie radicale.

Incontinence par impériosité

Il s’agit d’une incontinence par hyperactivité de la vessie, c’est-à-dire que les contractions de la vessie sont trop fréquentes générant un besoin impérieux d’uriner et des mictions incontrôlées (de volume variable). La nycturie et l’incontinence nocturne sont souvent observées. Chez la femme, une vaginite atrophique, fréquente avec le vieillissement, contribue à l’amincissement et à l’irritation de l’urètre ainsi qu’au besoin irrépressible d’uriner.

L’incontinence par regorgement est une fuite d’urine consécutive à une réplétion vésicale excessive provoquée par un problème de vidange de la vessie, notamment suite à l’augmentation du volume de la prostate. Les fuites sont incessantes, aboutissant à un volume total de pertes abondant. L’incontinence par regorgement est un type d’incontinence présent essentiellement chez les hommes.

L’incontinence fonctionnelle correspond à une perte d’urine due à des altérations cognitives ou organiques (démence ou accident vasculaire cérébral). Les mécanismes de fonctionnement des voies urinaires et nerveuses qui maintiennent la continence peuvent être normaux.

L’incontinence mixte est définie par toute association des types d’incontinence décrits ci-dessus. Les associations les plus fréquentes combinent l’incontinence par impériosité associée à des mictions pressantes et l’incontinence d’effort.

A quoi sont dues les fuites urinaires ?

Un bon fonctionnement du sphincter, situé à la base de la vessie, de même que du périnée (muscles pelviens) est nécessaire pour éviter l’incontinence urinaire. 

Les causes des fuites urinaires dépendent du type d’incontinence observé : 

  • Dans le cas d’une incontinence d’effort, la cause est un relâchement du sphincter et/ou des muscles pelviens. Ce relâchement musculaire intervient à la suite d’une grossesse, d’une épisiotomie, de l’obésité, des activités physiques qui exercent des pressions sur la vessie, du vieillissement ou encore lors des changements hormonaux de la ménopause. Elle s’accompagne souvent d’un prolapsus uro-génital.
  • En revanche, l’incontinence par impériosité est consécutive à une autre pathologie sous-jacente telle que des calculs urinaires, des polypes vésicaux, ou encore des infections (vaginales ou urinaires). 
  • Enfin, l’incontinence urinaire masculine peut être la conséquence du traitement du cancer de la prostate.

Comment soulager l’incontinence urinaire ?

Les traitements des fuites urinaires dépendent du type et de la cause de l’incontinence.

Rééducation 

La rééducation vésicale vise à modifier les habitudes mictionnelles et implique habituellement des mictions programmées (toutes les 2 à 3 heures). Au fil du temps, cet intervalle peut être porté à toutes les 3 à 4 heures. Un journal mictionnel aide à déterminer la fréquence des mictions et à reporter les sensations de réplétion vésicale perçues par le patient. 

Les exercices de rééducation périnéo-sphinctérienne du plancher pelvien (exercices de Kegel) sont souvent efficaces, notamment pour l’incontinence d’effort. La patiente doit contracter ses muscles pelviens (pubo-coccygiens et paravaginaux), plutôt que ceux des cuisses, de l’abdomen ou des fesses. Les muscles sont contractés pendant 10s, puis relâchés pendant 10s, 10 à 15 fois, 3 fois/jour. Chez la femme âgée de < 75 ans, le taux de guérison est de 10 à 25% et une amélioration se produit chez plus 40 à 50% des cas.

Médicaments (ditropan, vesicare, Toviaz)

Les traitements médicamenteux sont souvent utiles pour traiter l’incontinence urinaire. Ils comprennent les anticholinergiques (ditropan, vesicare) et les antimuscariniques (toviaz), qui relâchent le détrusor et les alpha-agonistes, qui augmentent le tonus du sphincter. Les alpha-antagonistes sont utilisés pour traiter une obstruction de la vessie chez l’homme souffrant d’impériosité ou d’une incontinence par regorgement.

Neuromodulation 

La stimulation du nerf sacré est indiquée chez le patient qui souffre d’une incontinence sévère par impériosité, réfractaire aux autres traitements. Elle agit en inhibant la voie centrale des afférences sensitives de la vessie. La procédure débute par une stimulation nerveuse percutanée des racines nerveuses S3 pendant au moins 3 jours. Si le patient répond à cette procédure, un neurostimulateur est implanté de façon permanente sous la peau.

La stimulation du nerf tibial postérieur (PTNS) est une technique similaire à la neuromodulation électrique pour le traitement des troubles mictionnels. Il s’agit d’une alternative moins invasive à la stimulation traditionnelle du nerf sacré. Une aiguille est insérée au-dessus de la malléole médiale près du nerf tibial postérieur suivie par l’application d’une stimulation à basse tension dans des sessions de 30min chaque semaine pendant 10 à 12 semaines.

TVT

La mise en place de bandelettes sous urétrale par voie rétropubienne (TVT) est préconisée pour une cure d’incontinence urinaire d’effort chez la femme. 

Les fuites urinaires à l’effort sont la conséquence de l’altération des structures de soutien de la vessie et de l’urètre. L’intervention de type TVT consiste à positionner sous l’urètre par voie rétropubienne (en arrière du pubis) une bandelette synthétique en polypropylène qui permet de remplacer les structures de soutien défaillantes.

Sphincter urinaire artificiel

Le but de l’intervention est de traiter l’incontinence urinaire par la mise en place d’un appareillage interne, appelé sphincter artificiel. Les fuites involontaires d’urine sont empêchées par l’appareillage et le patient déclenche volontairement la miction lorsqu’il en ressent le besoin. Elle est proposée le plus souvent chez l’homme après une chirurgie prostatique. 

Il existe d’autres indications plus rares, chez la femme, en cas de maladie neurologique ou de malformation congénitale.