Traitement focal

Le traitement focal du cancer de la prostate est une procédure mini-invasive (sans incision chirurgicale) qui consiste à cibler spécifiquement les cellules cancéreuses tout en épargnant les cellules saines avoisinantes.

Son principal objectif est de réduire considérablement les risques de complications invalidantes telles que la dysfonction érectile ou l’incontinence urinaire, qui peuvent survenir après des traitements habituels, impactant fortement la qualité de vie des patients.

Les indications pour ce traitement sont multiples et reposent sur les données recueillies durant le diagnostic du cancer de la prostate, notamment les résultats des biopsies prostatiques et ceux de l’IRM multiparamétrique.

Il est particulièrement intéressant pour traiter les patients atteints d’un cancer de la prostate de petite taille, de stade précoce (localisé dans la glande) et de risque évolutif faible ou intermédiaire, ainsi qu’en cas de récidive locale après une radiothérapie.

Il existe deux types de techniques de traitement focal du cancer de la prostate :

• Le traitement HIFU qui utilise des ultrasons focalisés de haute intensité délivrés depuis le rectum vers la région de la prostate à cibler.
• Les traitements à l’aiguille introduite jusqu’au centre de la tumeur sans affecter les tissus sains voisins pour la détruire à l’aide d’une source d’énergie telle que le laser, la cryothérapie et l’électroporation irréversible.

Avant tout traitement focal, une consultation d’anesthésie est programmée jusqu’à 48 heures avant l’intervention. Il se déroule sous anesthésie locorégionale ou générale et en chirurgie ambulatoire. Le jour de l’intervention, un lavement réctal est réalisé. Par ailleurs, une sonde urinaire est parfois mise en place. Elle est retirée le plus 1 à 3 jours après le geste. 

Les traitements focaux se déroulent comme suit : 

HIFU

Il s’agit d’un traitement qui nécessite un guidage par imagerie tel que l’IRM afin de localiser la tumeur de manière précise puis d’évaluer l’efficacité de la procédure. Le traitement repose sur l’utilisation d’une sonde endorectale qui émet des ultrasons focalisés sur un point précis provoquant une augmentation de la température. L’effet thermique entraîne la destruction sélective des cellules cancéreuses sans impacter les organes proches sains (vessie, urètre, rectum). Plusieurs séries de tirs d’ultrasons sont réalisées en une seule séance pour couvrir toute la zone tumorale à traiter. 

La séance de traitement dure entre 30 minutes et 2 heures en fonction de l’étendue de la région à traiter et des gestes associés (résection endoscopique). 

En fin de traitement, une échographie est réalisée pour s’assurer que toute la tumeur a été détruite. 

Laser

Il consiste à introduire une fibre laser au centre de la tumeur pour détruire le tissu. 

L’image de l’échographie est couplée à celle de l’IRM pour définir avec précision la zone tumorale. Une aiguille est introduite au niveau du périnée pour atteindre la tumeur. La destruction du tissu par le laser est rapide, il suffit de quelques minutes. 

Cryothérapie

Le chirurgien introduit une aiguille de cryothérapie par voie transpérinéale jusqu’à atteindre la tumeur. La procédure est guidée par image échographique et IRM pour une meilleure précision. L’extrémité de l’aiguille est refroidie jusqu’à une température de -40°pour détruire la tumeur.

Électroporation irréversible

Cette technique est basée sur la destruction des cellules cancéreuses par application d’un courant de haut voltage et de faible intensité sans variation thermique. Des électrodes sont introduites par voie transpérinéale sous échoguidage afin d’appliquer ces impulsions électriques.

Le traitement focal présente de nombreux avantages par rapport aux traitements conventionnels du cancer prostatique, notamment : 

• Il est moins invasif et  moins douloureux.
• Il diminue le risque de complications habituelles que peuvent entraîner les traitements standards (chirurgie, radiothérapie) telles que l’incontinence urinaire ou les troubles de l’érection. Ce traitement local est limité uniquement à la zone tumorale située de la glande. En effet, le sphincter qui contrôle l’urine et les nerfs impliqués dans la fonction érectile sont épargnés.
• Il est possible de renouveler le traitement ultérieurement si nécessaire. Contrairement à la radiothérapie externe ou interne (curiethérapie), il n’y a pas de dose maximale limite. Les sources d’énergie utilisées dans le traitement focal ne sont pas toxiques pour les tissus avoisinants la glande prostatique. 
• Il offre une bonne efficacité sur le plan oncologique à moyen terme et de très bons résultats fonctionnels. En effet, la majorité des patients présentent des biopsies négatives 3 ans après le geste et ne nécessitent pas de radiothérapie ni de prostatectomie dans les 5 ans qui suivent la séance.

Après un traitement focal, la convalescence est généralement simple, néanmoins elle peut varier selon la technique utilisée et l’état de santé global du patient. 

Ainsi, quelques effets postopératoires commun aux deux techniques peuvent se manifester tels que : 

• Douleurs ou une gêne au niveau de la zone traitée. 
• Troubles urinaires tels qu’une difficulté à uriner ou une envie pressante. 
• De légers saignements peuvent être observés dans les urines pendant quelques jours.

Ces symptômes postopératoires sont habituellement transitoires et la majorité des patients se rétablissent totalement en quelques jours.

Après un traitement focal, les patients bénéficient d’un suivi régulier pour évaluer l’efficacité du traitement et détecter les premiers signes d’une éventuelle récidive. Il implique des bilans sanguins avec un dosage du PSA, des examens d’imagerie médicale (échographie prostatique, IRM), et des examens cliniques (toucher rectal). 

Le suivi est aussi l’occasion de faire part à votre chirurgien de tous les symptômes cliniques suspects qui peuvent survenir après le traitement focal. Au moindre signe de complications, d’autres examens peuvent être prescrits, ainsi que des traitements spécifiques si besoin.