Incontinence urinaire chez la femme: un traitement innovant mini invasif

Incontinence urinaire chez la femme: un traitement innovant mini invasif
18
Juin

Le Pr François Haab expose les bénéfices de cette dernière approche pour supprimer ce handicap fréquent après la ménopause.

Quelle est la fréquence de l’incontinence urinaire chez les femmes ménopausées ?

On estime qu’après la ménopause 20 % sont concernées par ces fuites dues à un relâchement du sphincter. Avec l’âge, le muscle qui ferme l’urètre perd de sa force et de sa tonicité.

Quels handicaps entraînent ces fuites intempestives ?

La conséquence la plus handicapante est d’ordre social : les femmes qui ne peuvent plus se contrôler vont éviter les situations à risque, les réunions entre amis, les spectacles, les longs voyages…

Les femmes concernées révèlent-elles facilement ce problème à leur médecin ?

Malheureusement non, car l’incontinence reste un sujet tabou. Moins d’un tiers d’entre elles consultent en disant souvent : “J’ai un problème de vessie.” Le mot “incontinence” leur semble dévalorisant. Il faut savoir que, sans prise en charge, le phénomène augmente et la patiente s’isole de plus en plus.

Quelle est la prise en charge habituelle ?

Le traitement de première intention repose sur des séances de rééducation périnéale dont le but est de renforcer le sphincter. Ces séances ne sont efficaces que si les femmes pratiquent chez elles les exercices appris. En cas d’échec, la seconde solution est chirurgicale. Elle consiste à implanter une bandelette synthétique en poly­propylène qui va renforcer le sphincter, agissant un peu comme une sangle autour du muscle (25 000 à 30 000 interventions en France). “L’incontinence reste un sujet tabou”

Pour réaliser cet acte, où se situent les incisions ?

Le chirurgien en pratique trois : une dans le vagin (pour l’introduction des bandelettes) et deux autres cutanées de 1 centimètre environ pour permettre le réglage de la tension des bandelettes sur le sphincter.

Comment se déroulent les suites ?

La patiente reste hospitalisée durant un à trois jours. A sa sortie, on lui demande d’éviter tout effort pendant trois semaines, même pas le moindre mouvement brusque. Un grand nombre d’opérées se plaignent de douleurs dans les jours qui suivent l’intervention, pouvant se prolonger trois à quatre semaines, et parfois de difficultés à uriner. Mais les résultats sont bons : 80 % environ sont soulagées de leurs fuites.

Pour éviter ces inconvénients, quelle est la dernière technique ?

Elle va être très prochainement publiée dans la revue scientifique internationale d’urogynécologie. Il s’agit d’une nouvelle conception de support du sphincter : un système innovant de bandelettes permettant des suites beaucoup plus simples et avec une aussi bonne efficacité. Le premier changement réside dans la technique de pose : le chirurgien urologue ne pratique plus trois incisions mais une seule, au niveau du vagin, pour introduire les éléments de soutien. Deuxième innovation : ces bandelettes sont munies de minuscules harpons qui se fixent de part et d’autre du sphincter.

Quels ont été les résultats d’étude avec ce nouveau système ?

Avec un recul de deux ans, chez 80 % de la centaine de patientes opérées, on a constaté des résultats extrêmement satisfaisants, avec une disparition quasi totale des fuites urinaires. On a simplifié la technique sans diminuer la qualité des résultats.

En résumé, quels sont les avantages de cette dernière approche mini invasive ?

1. Une absence d’ouverture cutanée entraînant une diminution des douleurs postopératoires.

2. Une chirurgie réalisée en ambulatoire, les patientes rentrant chez elles le jour même.

3. Une reprise de l’activité immédiate.

 

Propos recueillis par sabine de La Brosse pour Paris Match 11/04/2012